Lacostades Vol. 1 num. 3 - Les mémoires d'un vieux radoteux(2)

Publié le par Donald Lacoste dit Languedoc

Les mémoires d'un vieux radoteux (2)

par Philippe Lacoste

 

Ma tante mourut au mois de février 1897 et, en 1902, ils allèrent s'installer à Blézard-Valley, Mon oncle Raphaël avec Hermésine Bélisle, mourut relativement jeune et sa veuve se remaria avec un  dénommé Leblanc de East-Trmpleton. Ils eurent trois enfants. Une fille qui se maria avec Ed. Potvin de East-Templeton et deux garçons, Ovila et Raphaël, qui partirent jeunes pour Détroit puis vers l'Ouest canadien et américain, pour s'établir finalement à Priest-River dans l'Idaho non loin de la frontière canadienne, une vallée très fertile. Raphaël, lors d'une visite, apporta un pied d'avoine qu'il avait arraché et pilé pour mettre dans sa valise. Une fois dressé, il mesurait 7 pieds. La grande fertilité des vallons s'explique par le fait que les rivières, qui prennent leur source dans des montagnes très abruptes, lavent ces montagnes depuis des milliers d'années et charrient les détritus animaux et végétaux. À la crue des eaux, les rivières inondent ces vallons et y laissent ces détritus en se retirant. Ce phénomène est semblable à celui de la vallée égyptienne, qu a gardéi, malgré des années de culture, sa fertilité et ce grâce à l'apport d'engrais que lui apportent le Nil et son connfluent  le Nil bleu qui prend sa source dans les montagnes d'Éthiopie. Pour en revenir à mon récit, Ovila se maria aux États-Unis puis divorca et on n'en eut plus d'autres nouvelles. Raphaël revint s'établir à Montréal vers 1914 et épousa Cléphir Campeau de East-Templeton. Une fille leur survécut, Germaine, mariée à Paul Panneton. Ils demeurent à Montréal.

 

CHARLES LACOSTE DIT LANGUEDOC

Mon grand-père, Charles Lacoste, est né à Boucherville en 1794 et se maria le 24 octobre 1814 à Josephte Riendeau. Le 14 mars 1821, il acheta de Joseph Thomas dit Tranchemontagne, une terre située à un mille en bas de Montébello, en face du pont de la rivière Saumon sur la vieille route. C'est là qu'il vint demeurer, et c'est là que mon père est né le 6 janvier 1825. En 1842, avec un groupe de Montébello dont Louis Racicot, Raphaël Marcotte, Augustin Bélisle et Vital Bertand, il vint s,établir dans le rang Saint-Louis. Il y prit une terre du seigneur Papineau. Une autre famille Lacoste, des petits-cousins de mon père, vint aussi s'établir dans le rang Saint-Louis. Il s'agit de François, Eusèbe, Charnum, Samuel et Clément Lacoste ainsi que Clément Dion marié à Clémentine Lacoste. La vie de colon était très dure dans ce temps-là. Il lur fallait défricher un endroit pour y bâtir lerur première maison. tout se faisait à la hache. On ne parlait pas de scie à chaîne dans ce temps-là. Le bois de pin et de chêne était réservé au seigneur. On employait le cèdre pour bâtir. Le bois franc n'avait de valeur que pour le fendre afin de faire de la potasse. Pour ce faire, il fallait couper et empiler le bois pour le faire brûler puis recueillir la cendre dans une espèce de trémie que l'on fabriquait avec une auge et des planches de bois fendues. On arrosait la cendre et on recueillait la lessive pour la réduire en potasse. Cette potasse était vendue à Montébello. Le Canada expédiait beaucoup de potasse en Europe, mais la découverte de gisements de potasse en Yougoslavie ruina le commerce. Il arrivait quelquefois qu'in orage vînt tout gâter avant qu'on ait pu recueillir la cendre et il fallait tout recommencer.

 

En ces temps-là, tous les gens, ou à peu près, étaient très pauvres. L'hiver, les hommes allaient aux chantiers pour huit à dix dollars par mois. L'été revenu, ils se hâtaient de défricher pour pouvoir semer un peu de sarrazin, lequel était ensuite moulu pour en faire des galettes. c'était la base de leur nourriture. On semait aussi des pois pour la soupe. aussitôt qu'il le pouvait, s'ajoutait de la vache, du porc ou du mouton à ce menu. C'était évidememnt à la condition qu'ils aient assez grand de "désert"  pour les nourrir. La chasse et la pêche les aidaient aussi à subsister. Notons qu'il y avait beaucoup de tourtes à cette époque.

 

Ils défrichèrent les hauteurs et même les coteaux en premier et ceci en raison du bois franc pour la potasse. Les terrains bas furent défrichés en dernier. Ils devaient tout faire à la main. Le brayage du lin, le tissage du lin et de la laine pour s'habiller, le nattage de la paille pour les chapeaux ainsi que le plissage de la peau de boeuf pour les souliers. La terre était fertile et tout poussait abondamment. Ils semaient à la pioche à travers les souches.

 

Ils faisient partie de Montébello et ils allaient à la messe à travers les bois, parcourant une distance de près de dix milles. Ils traversaient la Nation au Portage. Ils étaient très pauvres et cependant ils étaient heureux avec leurs familles nombreuses, car ils avaient un courage à toutes épreuves et une foi inébranlable. C'était une vie de misère que les générations d'aujourd'hui ne toléreraient pas.

 

En 1852, mon grand-père vendit sa terre et, avec mon père ainsi qu'un bon groupe de Saint-André-Avellin et de Montébello, ils émigrèrent aux États-Unis.  Ils s'établirent à Kankiki au sud de Chicago dans l'Illinois. Il y avait alors beaucoup de trouble aux États-Unis à propos de l'esclavage. Le Congrès avait aboli l'esclavage mais les états du Sud s'objectèrent, prétendant que, sans les esclaves,  ils ne pouvaient cultiver le coton et la canne à sucre. En 1821, le Congrès adopta un compromis selon lequel la ligne 36 degrés 30 minutes serait la ligne de démarcation entre le nord et le sud. L'esclavage serait permis au sud de cette ligne et défendu au nord. Cet accord dura jusqu'en 1850 lors de la demande de la Californi pour entrer dans l'union comme état libre.

 

(LA SUITE DANS UN PROCHAIN ARTICLE)

 

 

 

Publié dans Cahiers d'histoire

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